Une carrière et la ressource en eau
Bonjour à toutes et à tous, nous allons chercher à décrire ici les impacts qu’une carrière peut avoir sur l’hydrologie (la ressource en eau) du plateau de Lachaud, à Châteaugay mais aussi pour les communes voisines (Marsat, Blanzat, Malauzat…). (Mise à jour en octobre 2020 : étude du BRGM)
Un véritable lac souterrain
Afin de comprendre les enjeux il faut commencer par expliquer la genèse du plateau de Lachaud. Tout comme Gergovie, le plateau de Lachaud s’est formé à la suite d’une inversion de relief. La lave alors fluide s’est tout simplement engouffrée dans une ancienne vallée, recouvrant le lit d’une rivière. L’érosion a ensuite fait son travail, usé les abords de la coulée de lave qui se transforme en plateau, en jouant le rôle d’une chape protectrice !
Le plateau de Lachaud est donc un gigantesque couvercle constitué de couches de basalte en escalier qui protège une énorme ressource souterraine d’eau. Afin de prendre conscience des risques que le projet de carrière fait peser sur cette réserve d’eau nous avons pris rendez-vous avec un hydrogéologue.
L’eau est présente, en quantité, retenues par des couches successives de sable et gravier. Les quantités sont telles (150 à 180 millions de mètres cubes) que l’image d’un lac souterrain n’est pas si éloignée de la réalité.
Une ressource étudiée en profondeur !
En octobre 2020, le BRGM lance AEROVERGNE , une campagne d’acquisition de données géophysiques, permettant d’accroitre la connaissance du sous-sol auvergnat. Ceci explique les nombreux survols en hélicoptère que vous êtes nombreuses et nombreux à nous avoir signalés. Les données recueillies seront particulièrement analysées pour déterminer la pression sur les ressources en eau au niveau de la chaîne des Puys. Nous sommes impatients de connaître les résultats de ces études ! En effet le plateau de Lachaud fait partie du champ de prospection et sa nature de château d’eau sera très certainement confirmée.
Une carrière ? Quelles conséquences sur l’eau ?
La déstabilisation de la ressource en eau du plateau de Lachaud nous a été présentée comme le risque principal d’une carrière. Nous pouvons identifier trois impacts majeurs :
- déstabilisation du sous-sol par les tirs de mines répétés
- assèchement progressif du plateau
- pollution des ressources par infiltration et enfouissement des déchets du bâtiment
Un risque sur les sources
Quelles seront les conséquences des tirs de mines pendant 30 ans sur la structure du sous-sol ? En 30 ans d’exploitation ce sont aussi 10 millions de tonnes de matériaux qui seront retirées du plateau de Lachaud. Il est très probable que les nombreuses sources en périphérie du plateau auront leur approvisionnement perturbé. Les failles, les circulations d’eau souterraines seront modifiées au cours de l’exploitation.
Un assèchement du plateau
Pourquoi contribuer à l’assèchement du plateau ? La Direction Départementale de L’agriculture et de la Forêt (DDAF) avait bien noté déjà en 2005 : la quasi-totalité de l’eau qui tombe sur l’emprise d’une carrière s’évapore. Ce point nous parait très important, surtout avec les épisodes caniculaires des dernières années et la sécheresse que nous avons connu en 2019. Une carrière est aussi une activité consommatrice d’eau (lavage des matériaux, arrosage).
L’impact des déchets stockés dans la carrière sur les eaux souterraines
Pourquoi risquer une pollution des eaux souterraines ? La situation actuelle est limpide, l’eau de pluie s’infiltre sur le plateau de Lachaud et via les failles, les micro-fissures du couvercle basaltique, elle rejoint les sables et graviers qui la stockent et la filtrent comme une éponge. Elle alimente ensuite les sources et petits ruisseaux en périphérie du plateau. Le projet de carrière va remplacer ce basalte par l’ensemble des déchets du bâtiment que l’exploitant sera en mesure de traiter. Il est difficile d’imaginer que ceci n’aura pas d’impact sur la qualité des eaux souterraines.
Un simple calcul : les normes autorisent la présence de plomb à hauteur de 0.5 mg / kg de déchets inertes. Cela peut paraître faible, même insignifiant. Mais en 2017 l’exploitant a déversé 138 562 tonnes de déchets (malgré une autorisation limitant ces dépôts à 110 000 tonnes) dans le sous-sol de la commune. On s’approche des 70 kg de plomb, tout en restant dans les normes, et ceci sur une seule année ! Est-ce vraiment inerte et sans conséquences sur l’environnement et les eaux souterraines ?
Fin d’exploitation, le bilan
Le bilan en fin d’exploitation sera dramatique. Soit les promesses de remblaiement seront tenues (contrairement à la carrière actuelle) et le sous-sol du plateau de Lachaud sera remplacé par des déchets du bâtiment. Soit la carrière sera transformée à moindre frais en un plan d’eau. Avec des talus de basalte abrupts et l’évaporation des eaux de pluies comme le souligne la DDAF. Et cela va aussi créer un îlot de chaleur en lieu et place d’une zone aujourd’hui encore naturelle et préservée. Mais une situation mixte est possible avec une partie du site réhabilitée (en surface mais dénaturée en profondeur) et une partie dont l’écologie sera totalement chamboulée.
Assèchement et pollution, il faut empêcher ce projet de nouvelle carrière de voir le jour sur le plateau de Lachaud !
Ressources documentaires: l’eau et une carrière
Le site du BRGM
Les cartes géologiques : notice de Clermont-Ferrand
Le BIM de Châteaugay (page 21, retour sur la conférence de Charley Merciecca)
L’arrêté préfectoral 08-04139
La demande d’extension de la carrière actuelle en 2005 (pour 2 ans et demi !)
Notre entretien avec un hydrogéologue.
Le site de France3 Auvergne : le survol de la chaîne des Puys.
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