Tirs de mine à la carrière de Châteaugay
Bonjour à toutes et à tous
L’actuelle carrière de Châteaugay utilise le tir de mine comme système principal d’exploitation. Le principe consiste à percer des trous verticaux (les trous de mine) judicieusement disposés selon la zone à exploiter. Ils sont ensuite remplis d’explosifs et l’exploitant procède à la mise à feu. La roche est fragmentée et peut être être alors exploitée.
Les vibrations sont inévitables dans une carrière
Ce processus génère beaucoup de nuisances :
- bruit
- vibrations
- poussières
Le bruit peut dépasser les 100 décibels (proche des 110 décibels d’un coup de tonnerre). Rien ne peut protéger nos maisons des vibrations. En tant que riverains d’une carrière, ce type de nuisance est inévitable. Vous pouvez consulter l’interview d’un habitant du quartier des Mauvaises pour vous convaincre. Et les poussières s’ajoutent à celles émises par l’exploitation quotidienne.
Les tirs de mine de la carrière de Châteaugay détectés par les sismographes
Ces tirs de mines sont même susceptibles d’être détectés par les sismographes qui sont des détecteurs spécialisés pour ressentir les vibrations du sol. Les vibrations sont littéralement écrites sur un support (autrefois en papier), on obtient le sismogramme. Vous en avez un aperçu dans l’image d’illustration de cet article.
Le site renass.unistra.fr recense toutes les détections faites par un réseau de sismographes mondial. Et Châteaugay est en vedette grâce à sa carrière. Les tirs de mine font trembler la commune et ses environs.
Voici par exemple 4 tirs de mine effectués en 2019 dans la carrière de Châteaugay dont la puissance a été suffisante pour être détectée et qui sont listés sur le site renass.unistra.fr :
- https://renass.unistra.fr/evenements/5c62c7cf578ff50001cd585b : 12 février 2019
- https://renass.unistra.fr/evenements/5caf22ea358968000150824f : 11 avril 2019
- https://renass.unistra.fr/evenements/5ccacaeacf19e20001ac3e2f : 2 mai 2019
- https://renass.unistra.fr/evenements/5d5bc68ad8bd970001ced10a : 28 août 2019
Les tirs de mine, une science empirique
Le tir détecté le 11 avril a ainsi une magnitude de 1.6. Il faut bien comprendre que les tirs de mine ne sont pas une science exacte. On peut le lire ici (sur ce site de spécialistes du forage : https://www.toutpourleforage.com ) ou là ( Analyse et optimisation des pratiques d’abattage à l’explosif dans une carrière de granulats ), on applique des formules empiriques. Un joli mot pour exprimer qu’on fait un peu au pif ! Et en fonction de la nature du sous-sol les résultats peuvent être quelque peu aléatoires. Par le jeu des failles, du type de sous-sol etc. votre maison tremble, un peu, beaucoup. C’est la roulette russe. On est chanceux ou pas. Et cela se répète à chaque tir.
Nous voyons donc que ces tirs de mines sont suffisamment puissants pour être détectés comme de véritables petits séismes. Mais les diverses réglementations qui s’appliquent autour de l’exploitation d’une carrière ne permettent pas de limiter les nuisances subies par les riverains. On peut imaginer que ces règles sont assez souples pour ne pas limiter trop strictement les exploitations de carrière. La principale norme qui s’applique concerne la mesure des vibrations. Elles s’expriment en millimètre par seconde (mm/s). L’exploitation peut légalement générer des vibrations jusqu’à 10 mm/s sans que le carrier ne soit contraint à effectuer des ajustements.
Des normes souples
Que représente dans la vie réelle cette limite de 10 mm/s. En réalité ceci n’a pas d’importance. Pour faire un parallèle frappant imaginez-vous chez votre médecin traitant. Vous vous plaigniez d’une douleur. Votre praticien ne nie pas cette douleur, mais il vous répond : Je suis désolé, votre souffrance est de 4 sur une échelle de 10. Vous n’avez pas besoin d’un anti-douleur ! Une carrière à Châteaugay et ses nuisances seront dans ce même schéma : tout est dans les normes, donc l’exploitation continue.
Et les contrôles ?
L’intensité des vibrations peut être contrôlée, tout comme la puissance réglementaire des tirs. Sur la carrière actuelle, des mesures sont effectuées par l’exploitant et sont ensuite portées à la connaissance des services de la DREAL Auvergne (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) qui est l’organisme de référence concernant le contrôle effectué sur l’activité de la carrière.
- Dans ces conditions, comment ne pas s’interroger sur la validité des données transmises, dans la mesure où l’exploitant se retrouve à la fois en situation de juge et de parti ?
- Quel crédit accorder à ces relevés en l’absence d’organisme de vérification au moment des tirs ?
- Les matériels de mesure sont-ils régulièrement étalonnés par un laboratoire certifié ?
- Les conditions de réalisation de ces relevés font-elles l’objet de contrôles par un organisme indépendant ?
L’exploitant peut en effet réaliser les mesures dans des conditions qui lui sont les plus favorables pour minimiser les valeurs par rapport aux effets ressentis comme des nuisances par les riverains, sachant qu’en fonction de la nature du sol, l’atténuation des vibrations peut être bien différente.
La nature du sous sol en jeu
La quasi totalité des habitations de Châteaugay est située en zone de risque « fort » et « moyen » concernant le retrait et gonflement des argiles. La nature du sous-sol joue un rôle primordial dans la transmission des vibrations. Ainsi les séismes peuvent avoir des conséquences encore plus catastrophiques si le sous-sol est composé d’argile (comme exposé ici, là et là). Un sous-sol meuble va amplifier les vibrations. La nature du sous-sol de la commune présente le risque d’aggraver potentiellement les dégâts sur nos habitations !
Un risque sous-estimé ?
Les tirs de mines sont aussi un facteur de risques. La manipulation des explosifs utilisés apporte son lot de danger mais la réalisation du tir n’est pas anodine, les principaux dangers encourus sont :
- effet de souffle et explosion
- projections de matériaux hors du site
- effondrements et instabilité du sol
Les accidents arrivent, un site permet de les recenser : www.aria.developpement-durable.gouv.fr
Mais l’actualité récente nous apprend qu’il est impossible de prédire toutes les conséquences de l’activité humaine sur la nature. Les scientifiques s’interrogent sur les causes du tremblement de terre de magnitude 5,4 sur l’échelle de Richter qui a frappé la Drôme et l’Ardèche le lundi 11 novembre 2019. Trois facteurs principaux font de la carrière toute proche un déclencheur possible :
- la très faible profondeur du séisme (son épicentre) à moins de 2 kilomètres
- l’absence presque totale de répliques
- la présence de fracture visibles sur le sol
Le sous-sol de Châteaugay est riche en failles, il serait sage de rester prudent. Alors laissons les scientifiques mener leur enquête mais cette question doit nous apprendre à rester humbles face aux risques non maîtrisables (sauf bien sûr en évitant ces tirs !).
Un futur bruyant et tremblant…
La carrière actuelle de Châteaugay effectue des tirs à une fréquence de 1 à 2 tirs par mois. Le projet de carrière sur le plateau de Lachaud nous promet 1 à 2 tirs par semaine. Mais tout va bien, on nous promet une zone de quiétude (ce sont les mots même de l’exploitant, rappelez vous notre passage sur France Bleu). Il est temps d’agir, n’attendons pas l’installation d’une nouvelle carrière à Châteaugay pour réagir, là il sera trop tard ! N’oublions pas que l’exploitation actuelle se réalise sur la commune de Malauzat, avec une concentration des nuisances de ces tirs de mine sur le quartier des Mauvaises. Ne laissons pas ces tirs de mine du projet de carrière à Châteaugay ruiner notre tranquillité ! Rejoignez-nous !