Clermont-Ferrand mauvaise élève = un projet de carrière à Châteaugay !

Bonjour à toutes et à tous, dans cet article nous allons vous montrer que l’aire urbaine de Clermont-Ferrand est une (très) mauvaise élève en matière de recyclage, ce qui a un impact direct sur le projet de nouvelle carrière à Châteaugay.

L’association a déjà traité ce sujet il y a maintenant 2 ans : lire ici notre article précèdent.

Nous ne manquerons pas de matériaux, c’est Clermont-Ferrand la mauvaise élève !

Déjà en 2020 nous avions dénoncé la très faible contribution de la carrière actuelle de Châteaugay que nous calculions alors à moins de 5%. Ce chiffre a été repris lors du conseil métropolitain du 22 juin 2022. Il s’avère que le chiffre réel est de 3% comme indiqué dans le diagnostic d’approvisionnement en matériaux du territoire clermontois (à télécharger dans notre ressource documentaire en bas de cet article)

Relire aussi dans l’article précédent la position de Jean-Paul Prulière, maire de Vertaizon qui s’émeut en 2016 d’un possible manque de matériaux alors que la carrière de Saint Julien de Coppel (15 km de Vertaizon) peine à trouver des débouchés.

Un minimum de sobriété doit suffire à économiser ces 3% de ressources. Et le projet de nouvelle carrière à Châteaugay (ou ailleurs) s’efface !

L’aire urbaine de Clermont-Ferrand bonnet d’âne du recyclage

Et pourtant nous (en particulier le département du Puy de Dôme) savons recycler, les bitumes en particulier. On sait recycler 100% des matériaux, en réduisant de 50% la consommation d’énergie requise et en supprimant 70% des émissions de gaz à effet de serre. Et c’est moins cher ! Le département nous promet aussi des chantiers plus vertueux du point de vue environnemental.

• Lire en page 9 du magazine Puy de Dôme en Mouvement (Décembre 2020)
• Lire en page 29 du magazine Puy de Dôme en Mouvement (Janvier 2023)

Mais pourtant, le territoire clermontois ne semble pas savoir recycler, ou ne cherche pas à le faire aussi bien que ses voisins. Toujours dans le diagnostic d’approvisionnement en matériaux du territoire clermontois, on peut lire :

L’aire urbaine de Clermont-Ferrand affiche un taux de recyclage inférieur à la moyenne régionale (29%), il est effectivement constaté : 

• un très bas taux de recyclage des graves et matériaux rocheux (3 % contre 57 % à l’échelle régionale) 

• idem pour les terres et matériaux meubles (0,4 % contre 9% en moyenne régionale), qui sont encore utilisés à 96 % comme remblai de carrières. 

• et pour les déchets inertes et matériaux non triés (16 % contre 30 % en moyenne régionale)   

Comment présenter un projet de nouvelle carrière comme étant inéluctable alors que le territoire clermontois recycle jusqu’à 20 fois moins que la moyenne nationale ?

On apprend dans ce document qu’en 2025, en atteignant la moyenne nationale, on peut rechercher dans l’aire urbaine 124 000 tonnes de matériaux (c’est la production de la carrière actuelle à Châteaugay !). Il ne faut pas se baser sur les estimations quantitatives passées pour prévoir celles à venir. L’état des lieux fait par les carriers date de plusieurs années, il n’est pas extrapolable. La nouvelle politique d’urbanisation, le développement durable, et la mauvaise empreinte carbone de ces matériaux, vont contribuer à réduire drastiquement leur emploi.

Des solutions à mettre en place, ça existe

Une carrière produit des matériaux nobles en faible quantité pour les couches de roulement et beaucoup d’autres matériaux beaucoup moins nobles pour tout le reste. C’est ce dernier type de matériaux qui peut être facilement remplacé par des matériaux de réemploi. On peut aussi traiter en place certains matériaux, et ainsi en plus d’économiser des matériaux neufs, éviter beaucoup de transports. Cette technique a déjà été utilisée ponctuellement, depuis plus de 30 ans dans le département.

• Pourquoi ces techniques, de réemploi et de traitement en place, ne sont-elles pas systématiquement imposées dans les appels d’offres ?

Des entreprises exécutent des déblais qu’elles amènent systématiquement en décharge alors que d’autres ont besoin de matériaux pour confectionner des remblais et vont les chercher
en carrière.

• Pourquoi la préfecture ne crée-t-elle pas une plateforme de stockage et de tri, ouverte à tous, afin d’organiser une bourse aux matériaux ?

L’ouverture pas très loin d’ici de la future mine devant produire du lithium. Le lithium est produit à partir du seuil mica contenu dans le granite. Il y aura sûrement des matériaux considérés comme des déchets qui seront réemployables dans les Travaux Publics.

• Cette idée a-t-elle été envisagée ?

Ces propositions permettraient de réduire les besoins en matériaux neufs. Elles pourraient aussi réduire fortement les tonnages de matériaux courants transportés. On pourrait ainsi aller chercher plus loin les matériaux spécifiques dont on a besoin, sans détériorer le bilan carbone de l’ensemble.

Des courts-circuits dans le circuit-court ?

Nous avions déjà noté que la carrière de Châteaugay n’est pas vitale pour l’approvisionnement du territoire clermontois. Sa position est simplement un gage d’économie pour les exploitants. En particulier la carrière de Châteaugay n’a pas fourni le moindre kilogramme de matériaux pour le passage en 3×3 voies de l’A71.  La carrière de Chapdes-Beaufort a elle bien desservie le chantier. N’est-ce pas scandaleux à entendre alors que le projet d’extension sur le plateau de Lachaud est présenté comme étant un mode écologique de production (circuit-court et faiblesse des émissions de CO2) ?

On promène les cailloux sur 60 à 170 km !

Il est aussi choquant d’apprendre la destination d’une partie des matériaux extraits de la carrière actuelle de Châteaugay. Alors que les partisans du projet avancent maintenant comme principal argument la proximité du projet avec les habitations (merci pour ceux qui devraient en subir les nuisances), on s’interroge sur le fait que les cailloux puissent parcourir 60 km pour être transformés en laine de roche à Saint Eloy les Mines. Il serait intéressant que l’exploitant communique avec transparence sur la proportion de sa production qui transite ainsi à travers le département. Et que dire de la carrière Prat (Lavastrie, Cantal) qui se targue d’envoyer ces mêmes cailloux dans la même usine de Saint Eloi : 170 km. Cette carrière est exploitée par un des acteurs du projet de Châteaugay…

Attention à la ressource en eau !

L’ouverture d’une nouvelle carrière de cette taille (une centaine d’hectares) à cet endroit-là, c’est créer un appel à la consommation indifférenciée. Mais c’est aussi détruire un important réservoir d’eau naturel. Dans quelques années, ce sont les besoins en eau qui seront vitaux, et on trouvera toujours des matériaux.

Les partisans du projet à court d’arguments

Après nous avoir opposé…

• les emplois. Le recyclage, le fait d’utiliser plus de matériaux biosourcés n’entraînera pas la perte d’emplois, bien au contraire.
• les besoins en matériaux. Au travers de deux articles documentés, nous présentons une réalité bien différente
• la ressource financière pour la commune. Nous avons dénoncé un contrat de foretage étonnamment défavorable à la commune de Châteaugay
• le circuit-court d’approvisionnement. Ici aussi la réalité du terrain rattrape les discours avec des trajets de 60 à 170 km (pour ceux que nous connaissons !)
• le coût du transport qui double tous les 20 km. Cet argument ne peut être pris en compte que pour les matériaux de faible qualité, et comment expliquer alors les kilomètres parcourus pour la production de laine de roche ?

…les partisans de ce projet se retrouvent sans arguments, et tentent alors d’imposer leur projet en simplifiant les procédures avec le concours de nos élus. Il faut au contraire avoir le courage de raisonner à long terme et de laisser le plus possible d’espaces vierges pour la vie des générations futures. Oui, Clermont-Ferrand est une très mauvaise élève concernant le recyclage, mais avec des marges de progression énormes. Non, le projet de carrière n’est pas nécessaire et surtout pas inéluctable.

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