L’effet papillon et la carrière de Châteaugay.

Bonjour à toutes et à tous. Voici un article pour mettre en avant la présence du papillon Eriogaster catax et son effet probable sur le projet de carrière à Châteaugay. La laineuse du prunellier représente un intérêt écologique majeur. Et elle n’est pas la seule à être présente sur le plateau de Lachaud.

Une espèce sur liste rouge

On peut lire sur le site de Legifrance :

Pour les espèces d’insectes dont la liste est fixée ci-après : I. – Sont interdits, sur tout le territoire métropolitain et en tout temps, la destruction ou l’enlèvement des œufs, des larves et des nymphes, la destruction, la mutilation, la capture ou l’enlèvement, la perturbation intentionnelle des animaux dans le milieu naturel.

La laineuse du prunellier (Eriogaster catax, Linné, 1758) est donc très fermement protégée. C’est d’ailleurs pour cela que le préfet du Puy de Dôme a mis cette condition dans le renouvellement et l’extension de la carrière actuelle ! Sans cet engagement, la société exploitante ne pourrait pas exploiter sur ce site.

Un débroussaillage mal venu

Et pourtant… Rappelez-vous en avril 2019 (notre article ici), plus de 10 hectares du plateau ont été soumis à un défrichement très sévère. Nous avions alors contacté la société Mica, responsable de la réalisation de l’étude environnementale, afin de faire stopper ce débroussaillage. Avec succès.

Il suffit de mettre cette photographie en relation avec le texte de l’arrêté du 23 avril 2007 pour comprendre que cette action flirte avec l’illégalité. D’autant plus que la laineuse du prunellier doit être protégée tout au long de l’année. Et qu’un changement drastique de couvert végétal va avoir une incidence très forte sur la population du papillon (voir ici)

Une vidéo promotionnelle

Il semble que l’exploitant tente d’adopter la méthode Coué concernant cet enjeu écologique majeur que représente la laineuse. Et il cherche à prendre les devants en finançant (via le sponsoring de sa maison mère Eurovia) la belle vidéo promotionnelle qui a été diffusée lors du Tour de France. Nous avons bien sûr dénoncé cette vidéo et nous sommes en contact avec France 2 qui nous a promis une réponse.

Comment ne pas s’étonner ? Nous avons d’un côté une vidéo qui prône la biodiversité et d’un autre côté la destruction totale de l’habitat de la laineuse sur une parcelle, propriété de la société SBC.

Une étude environnementale contestable

L’association s’interroge sur cette étude environnementale et nous seront vigilants au moment de connaitre ses conclusions. Les conditions de réalisations ne nous semblent pas optimales. Et nous chercherons à faire prendre en compte des relevés faunistiques et floristiques antérieurs à ce défrichement sauvage. Nous nous interrogeons : sa finalité est-elle une création de pâturage comme on a bien voulu nous le dire ? Pour notre association, la préservation absolue de cet insecte conditionne le déroulement légal du projet industriel.

D’autres enjeux sur le plateau de Lachaud

La laineuse du prunelier ne constitue pas la seule espèce présentant un intérêt écologique majeur. Ainsi le Conservatoire des Espaces Naturels note :

Sur le périmètre strict, le CEN et le CPIE Clermont Dômes ont repéré la reproduction du Triton crêté sur des mares du plateau. La LPO Auvergne mentionne également la reproduction du Torcol fourmilier. L’enjeu principal reste la destruction des prairies sèches qu’il est impossible de reconstituer sur site.

Sur le périmètre élargi, le CEN a réhabilité en bordure une prairie humide, des mares, des saules têtards. Les espèces les plus remarquables sont constituées de la reproduction du Cuivré des marais, de l’hivernage de la Bécassine des marais, de la reproduction de 5 espèces d’amphibiens et de la présence d’une population d’Ecrevisse à pattes blanches dans le ruisseau située en aval. Le projet de carrière peut engendrer une perturbation du bassin versant (eau de ruissellement avec fines, asséchement par fissuration du socle…) et provoquer indirectement la destruction du milieu aquatique et de ces espèces.

L’effet papillon qui sauve Châteaugay de son projet de carrière…

Nous connaissons tous cette métaphore de l’effet papillon qui pourrait faire basculer le projet de nouvelle carrière à Châteaugay. Un battement d’ailes de papillon et un projet de 300 000 tonnes s’envole…

La faune et la flore peuvent sauver le plateau de Lachaud de ce projet ubuesque de carrière de 300 000 tonnes. Mais pour cela il faut notre mobilisation à toutes et à tous. Ensemble, à Châteaugay, Malauzat, Marsat et ailleurs, l’effet papillon d’une petite association locale pourrait bien faire vaciller le géant industriel.

Les ressources documentaires

Crédit photo : Philippe Mothiron

Le CEN Auvergne

Le site Légifrance : Arrêté du 23 avril 2007 fixant les listes des insectes protégés sur l’ensemble du territoire